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Explorer le rôle potentiel des ports du Saint-Laurent pour la réduction du bruit sous-marin des navires dans un but de protection des baleines

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Nolet, Véronique (2024). Explorer le rôle potentiel des ports du Saint-Laurent pour la réduction du bruit sous-marin des navires dans un but de protection des baleines. Mémoire. Gatineau, Université du Québec en Outaouais, Département des sciences naturelles, 90 p.

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Résumé

La population de bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent (BESL) est considérée comme "en voie de disparition" par le Comitésur la situation des espèces menacées de disparition au Canada (COSEPAC) depuis 2014. Plusieurs menaces anthropiques nuisent àson rétablissement dans son habitat estival, dont le bruit sous-marin générépar la navigation commerciale.
Àce jour, un seul groupe de travail multi-acteurs se penche sur l'impact de la navigation sur les mammifères marins qui fréquentent l'estuaire du Saint-Laurent et la rivière Saguenay: le Groupe de travail sur le transport maritime et les mammifères marins (G2T3M). Ce groupe restreint, qui rassemble des acteurs de l'industrie maritime, des scientifiques, des organisations non gouvernementales et des représentants des gouvernements, travaille àla mise en place de mesures de gestion dans une aire géographique précise.
Quoi que considérés comme étant des entités pivots au sein de la chaine d’approvisionnement maritime, les ports du Saint-Laurent sont à peu près absents des initiatives qui touchent l’enjeu du bruit sous-marin des navires et de ses impacts sur les mammifères marins. Ce projet a pour objectif de comprendre pourquoi, à ce jour, peu de ports du Saint-Laurent se sont impliqués dans la recherche de solutions afin de réduire l’impact du bruit des navires sur les bélugas, et de tenter d’identifier des mécanismes permettant de favoriser leur implication afin de trouver des pistes d’action adaptées à leur contexte opérationnel.
Via des entrevues semi-dirigées avec différents répondants oeuvrant au sein des ports, des avis et des opinions sur les rôles possibles des ports dans l’élaboration et la mise en application de mesures de gestion visant à réduire le bruit sous-marin des navires ont été collectés et discutés. De ces entrevues ressort un intérêt marqué des participants pour être davantage impliqués dans les dossiers qui touchent le bruit des navires et la protection des mammifères marins. Or, beaucoup de questions demeurent en suspens quant à la façon optimale de le faire dans un contexte où de nombreux acteurs sont déjà activement impliqués et où les leviers auprès des compagnies maritimes sont relativement limités.
Tous les participants à l’étude s’entendent pour dire qu’il n’existe à leur connaissance pas de solution unique qui puisse être appliquée à tous les ports, et dans leurs eaux de juridiction portuaire, pouvant répondre à cette problématique complexe. Ceci s’explique d’une part en raison du fait que pour réduire le bruit à la source d’un navire, ce sont les propriétaires ou les exploitants de navires qui doivent investir dans l’acquisition et l’installation de technologies silencieuses. Or, les leviers qu’un port possèdent sur les armateurs afin de les inciter à faire de tels investissements demeurent limités, voire inexistants dans certains cas. D’autre part, l’adoption de pratiques opérationnelles telles que le contournement de zones ou le ralentissement de vitesse en des zones spécifiques est reconnue comme pouvant réduire l’impact du bruit des navires sur les mammifères marins. Or, un port n’a de juridiction1 que sur une partie très limitée du cours d’eau dans lequel il a des activités, nommée « eaux navigables du port », aussi appelée « eaux de juridiction portuaire ». C’est donc à l’intérieur des limites de ce territoire relevant de ses compétences que le port pourra définir de manière volontaire ou obligatoire des limites de vitesses applicables à tous les navires, ou seulement à certains types de navires. Ainsi, il est impossible pour un port d’imposer aux navires de ralentir dans des zones à l’extérieur de ses eaux navigables. Puisque la vaste majorité des habitats de mammifères marins fréquentant le Saint-Laurent sont à l’extérieur des eaux de juridiction portuaire, les options coercitives qu’un port peut mettre en place dans cette problématique sont très limitées, voire inexistantes.
Malgré ces limitations, reconnaissant le rôle central qu’ils jouent au sein de la chaine logistique de transport maritime, les participants à l’étude ont mentionné que le port pour lequel ils travaillaient pouvait faire preuve de plus de leadership dans ce dossier. Ils ont souligné le besoin de plus de collaborations multisectorielles pour un meilleur partage d’information, de la possibilité de mettre en place des mécanismes d’implication financière (mise en place d’incitatifs financiers pour les navires silencieux, financement d’initiatives), d’une implication matérielle (prêt d’équipement ou d’installation à des groupes de recherche par exemple), ou d’une contribution en nature (participation active à des groupes de travail, aide à la recherche de solutions, appui à des initiatives de recherches, ou autres). Les participants ont aussi mentionné le besoin d’être mieux informés sur cet enjeu, d’avoir accès à des ressources telles que des lignes directrices permettant d’informer et de guider le processus de décision au sein des ports, et d’avoir une meilleure coordination à l’échelle internationale. À cet effet, les lignes directrices de l’Organisation maritime internationale (OMI) portant sur l’enjeu du bruit sous-marin généré par les navires et de ses impacts sur les espèces marines qui ont été révisées et approuvées en 2023 devraient pouvoir aider à orienter de futures actions.
Ce travail, basé sur une analyse critique des entrevues semi-dirigées, a mené à l’élaboration de recommandations. Celles-ci permettront d’orienter les réflexions sur les prochaines étapes à mettre en oeuvre afin de favoriser une implication judicieuse des ports dans l’enjeu du bruit sous-marin des navires, et en toute compréhension de leurs limites opérationnelles et règlementaires, et de leur position géographique.

The St. Lawrence Estuary Beluga (SLEB) population is considered as “endangered” by the Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC) since 2014. A wide range of anthropogenic threats are preventing its recovery within its summer habitat, such as vessel underwater radiate noise generated by commercial shipping activities.
To date, only one multisectoral working group has tackled the impact of commercial shipping on marine mammals living in the St. Lawrence Estuary and the Saguenay River: the Groupe de travail sur le transport maritime et les mammifères marins (G2T3M). With representatives from the industry sector, scientific community, non-governmental organizations, and governments, this working group has for mandate to establish management measures in a very limited geographical area.
Even though they are considered as cornerstones of the maritime supply chain, St. Lawrences large ports have been mainly absent from initiatives related to the reduction of the impact of vessel underwater noise and its impacts on marine mammals. This project has for objective to understand why only a handful of ports have demonstrated interest towards the reduction of the impact of vessel underwater radiated noise on the St. Lawrence Estuary Beluga, and to identify potential mechanism that would foster their engagement with solutions adapted to their operational context.
Through semi-structured interview conducted with a wide variety of respondents within ports, views and opinions were collected and debated on possible roles ports could play in the development and implementation of management measures known to reduce the impact of vessel underwater radiated noise. Most of the participants have demonstrated a keen interest in being more involved in files related to the protection of marine mammals and the reduction of threats related to commercial shipping operations. However, many questions remain unanswered with regards to the best way to do it, in a context where many stakeholders are already well invested in the search of solutions, and where there is very limited leverage on ship owners and operators.
All respondents agreed to say that to their knowledge, there was no unique and simple solution applicable to all ports, and within their waters of jurisdiction, that would help solve this complex issue. This is mainly due to the fact that it is ship owners and operators that needs to take action and invest on acquisition and installation of quieting vessel technologies, not ports. In a context where the leverage and the influence on ship owners and operators are so limited, this represents a major barrier. Furthermore, while the adoption of operational practices like lateral displacement or vessel speed reduction in specific zones are known to reduce the potential negative impact of shipping on marine mammals, if the port’s waters of jurisdiction are not in a whale habitat, they will not be able to require vessels to comply with those measures. This is due to the fact that a port only have jurisdiction on a limited body of water2, where they can set their own mandatory or voluntary vessel speed reduction applicable to either all vessels, or only specific vessel types, waters that are called port navigable waters. That said, it is impossible for a port to require vessels to slowdown in a zone located outside of their navigable waters. Given that the vast majority of marine mammal habitats are located outside of any port navigable waters, it is possible to conclude that coercive roles a port could play are very limited, if non-existent.
Despite those limitations and recognizing their central role within the maritime supply chain, the study’s respondents mentioned that the port for which they were working could play a greater leadership role. They highlighted the need for a greater multisectoral collaboration for more efficient information sharing, they mentioned the possibility to establish financial contributions (through financial incentives for quieter vessels for example), they mentioned the possibility to loan equipment or installations for scientific purposes, in-kind contribution by actively participating to focus groups for example, etc. The study’s participants also mentioned the need to be better informed about the topic, to get access to resources like guidelines to further inform decision making process within ports and request a better international leadership and consistency coherence. To that end, we think that the newly released International Maritime Organisation (IMO) revised Guidelines on the reduction of underwater radiated noise from commercial shipping will help guide some actions that maritime authorities could undertake.
This work, based on a critical analysis of the semi-structured interviews, led to the development of recommendations. These will help guide the thinking process on the next steps to be taken to ensure that ports are judiciously involved in the issue of vessel underwater noise, in full understanding of their operational and regulatory limits, and their geographical position.

Type de document: Thèse (Mémoire)
Directeur de mémoire/thèse: Dupras, Jérome
Co-directeurs de mémoire/thèse: Chion, Clément
Mots-clés libres: Population des bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent; Co-construction; Rétablissement d’espèces en péril; Mesure d’atténuation; Bruit sous-marin anthropique; Industrie maritime; Administrations portuaires; Dynamiques portuaires; Pollution sonore; Bruit sous-marin à la source; Effets cumulatifs du transport maritime; Industrie maritime
Départements et école, unités de recherche et services: Sciences naturelles
Date de dépôt: 28 nov. 2024 13:31
Dernière modification: 28 nov. 2024 13:33
URI: https://di.uqo.ca/id/eprint/1724

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