McSween, Nathalie (2015). L'émergence et le développement de solidarités paysannes transnationales dans l'espace ouest-africain : une lecture à partir du Sénégal et du Ghana. Thèse. Université du Québec en Outaouais, Université du Québec en Outaouais, Département des sciences sociales, 291 p.
Prévisualisation |
PDF
Télécharger (2MB) | Prévisualisation |
Résumé
La transnationalisation de l’action collective des mouvements sociaux implique des changements d’échelle à la fois en termes de structures organisationnelles, de réseaux d’acteurs et de stratégies d’action collective. Plusieurs chercheurs se sont intéressés au phénomène de la
transnationalisation de l’action collective et/ou aux mouvements sociaux transnationaux dans les deux dernières décennies et ce, principalement à partir de l’approche du processus politique. Une grande partie de ces travaux de recherche se sont penchés sur les facteurs structurels favorisant l’action collective dans des espaces supranationaux et sur les réponses des mouvements sociaux à
ces transformations de la « structure des opportunités politiques » transnationale. L’échelle transnationale, dans ces recherches, n’est cependant pas problématisée; elle est appréhendée comme l’espace où se déploient les stratégies des acteurs collectifs ou comme le « contenant » des
relations sociales. Notre recherche s’inscrit dans la foulée de développements théoriques cherchant à problématiser la question des échelles dans l’analyse de l’action collective transnationale en en faisant une question empirique, c’est-à- dire en ne délimitant pas à priori les frontières géographiques des échelles d’action collective. Notre recherche vise ainsi à analyser la façon dont des acteurs d’un mouvement social transnational, ici le mouvement paysan ouest-africain, ont construit – dans le temps long – des échelles d’action collective qui dépassent le cadre national et à rendre visibles les dynamiques sociospatiales à l’œuvre dans la construction de ces échelles.
La stratégie de preuve pour répondre à notre question de recherche (« Comment l’espace ouest-africain est-il devenu un espace d’action collective pour les acteurs paysans? ») s’inscrit dans une méthodologie de recherche qualitative qui s’appuie sur des techniques d’enquête faisant appel à l’observation directe, l’entretien semi-dirigé et l’analyse documentaire. L’espace
ouest-africain comprenant 15 pays, il n’était pas possible de mener des études dans chacun des pays dans le cadre de cette recherche. Des enquêtes ont plutôt été menées dans deux pays constituant des exemples-types des dynamiques transnationales des pays de l’espace CEDEAO, soit le Sénégal et le Ghana. La recherche vise à contribuer à l’avancement des connaissances sur les spatialités des
mouvements sociaux contemporains en
xiii
général et, plus particulièrement, à l’accroissement des connaissances sur les dynamiques sociales
(et spatiales) des acteurs ruraux dans des sociétés africaines en profonde mutation.
Les résultats de la recherche sont de deux ordres. Premièrement, en termes de connaissances
empiriques la recherche a révélé l’histoire longue – et largement méconnue – des relations
transfrontalières entre organisations paysannes (OP) dans l’espace ouest-africain francophone et
les difficultés liées à l’extension de ces solidarités vers les espaces anglophones. La recherche a
aussi rendu visibles un certain nombre de transformations dans les relations entre les
organisations paysannes et les pouvoirs publics dans l’espace ouest-africain de même que dans les
espaces nationaux.
Deuxièmement, en termes théoriques, la recherche a permis de démontrer la valeur
heuristique d’une approche par les espaces pour appréhender les mouvements sociaux transnationaux.
En effet, l’approche de la géographie des solidarités transnationales, parce qu’elle adopte un
regard décentré sur les mouvements sociaux, favorise une observation empirique qui favorise la
découverte. Observer les déploiements spatiaux des mouvements dans le temps à partir des logiques
et des rationnalités propres aux acteurs permet en effet d’identifier non pas une, mais des
trajectoires spatiales au sein d’un même mouvement. Ce regard décentré permet par ailleurs de mieux
observer et comprendre les logiques et les rationnalités qui ont poussé, à différents moments de
leur histoire, des acteurs et des organisations à construire une action collective à une échelle
dépassant le cadre local ou national et permet aussi de mieux appréhender le rôle de
différents acteurs dans la construction de l’action collective à différentes échelles. Cette
approche a ainsi permis d’identifier le rôle précurseur joué par une organisation de coopération
internationale, les Six S, dans la mise en relation initiale d’acteurs qui créeront par la suite ce
que l’on appelle aujourd’hui le mouvement paysan ouest-africain. De la même façon, l’approche de la
géographie des solidarités transnationales a permis de rendre visible le rôle joué par la
popularisation du concept de participation des acteurs et par l’ouverture de certaines institutions
politiques régionales à ce concept, dans le déploiement spatial du mouvement. Parce que
l’approche de la géographie des solidarités transnationales cherche à rendre
xiv
compte, de façon compréhensive, des déploiements spatiaux des mouvements sociaux à partir des
logiques et des rationnalités des acteurs des mouvements, elle permet d’identifier ce qui, dans
l’esprit des acteurs, a constitué, à un moment ou à un autre, un contexte facilitant ou
contraignant pour l’action à différentes échelles (plutôt que de prendre pour point de départ des
situations objectives considérées par le chercheur comme ayant un potentiel facilitant ou
contraignant pour en chercher ensuite les effets chez les acteurs). Au plan théorique donc,
l’approche de la géographie des solidarités transnationales a démontré, malgré sa jeunesse, un
grand potentiel pour l’étude de mouvements sociaux dits transnationaux et ce, non seulement pour
mieux comprendre les déploiements spatiaux, mais aussi pour mieux appréhender les perceptions des
acteurs quant au contexte de leur action.
Type de document: | Thèse (Thèse) |
---|---|
Directeur de mémoire/thèse: | Favreau, Louis |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Salam Fall, Abdou |
Informations complémentaires: | Comprend des références bibliographiques : p. [258]-275 |
Mots-clés libres: | Mouvements sociaux; Développement rural; Afrique occidentale; Conditions sociales |
Départements et école, unités de recherche et services: | Sciences sociales |
Date de dépôt: | 27 août 2015 16:13 |
Dernière modification: | 30 mai 2016 16:12 |
URI: | https://di.uqo.ca/id/eprint/763 |
Gestion Actions (Identification requise)
Dernière vérification avant le dépôt |